Professeur Leïla Benzekri présente « comment évaluer la stabilité d’une lésion de vitiligo »
5 . Comment évaluer la stabilité des lésions de vitiligo ?
Par Pr Benzekri Laila,
Université Mohammed V, Service de Dermatologie Hopital Ibn Sina, Rabat (Maroc)
et Dr Gauthier Yvon,
Ancien responsable de la consultation des troubles pigmentaires, Service de Dermatologie Hopital Saint André Bordeaux
Introduction (page 2)
L’évaluation des critères de stabilité des lésions de vitiligo est cruciale, lorsque une option thérapeutique doit être décidée : traitement topique, photothérapique, traitement chirurgical. Les lésions de vitiligo très évolutives sont considérées comme une contre-indication pour une transplantation de mélanocytes.
(pages 3 et 4)
Malheureusement, jusqu’à maintenant, nous ne disposions pas de critères cliniques et biologiques fiables susceptibles de nous aider à prendre une décision rapide. Tout au plus une évaluation imprécise était basée sur les données de l’interrogatoire, la révélation d’un phénomène de Koebner évident, ainsi que sur le devenir d’une mini-greffe implantée en zone lésionelle. Il a été récemment rapporté que la zone marginale périlésionnelle est un endroit stratégique qui reflète le type de processus de dépigmentation en cours ainsi que son évolutivité liée a la déperdition mélanocytaire.
Objectif de l’étude (page 5) : Nous avons essayé d’établir une corrélation directe entre l’aspect clinique global des lésions (bords et centre des lésions), les caractères histologiques de la zone marginale et l’évolutivité des lésions du vitiligo.
Matériel et méthode (page 6) : 71 patients porteurs d’un vitiligo non segmentaire ont été recrutés. Au cours de la première consultation, l’aspect clinique des lésions et de leur bords a été soigneusement caractérisé et photographié. Une recherche d’anticorps antithyroides (TPO, TPG) a été pratiquée. Par ailleurs une biopsie de la zone marginale à cheval sur la zone dépigmentée et normalement pigmentée, a été réalisée chez tous les patients. Les coupes histologiques ont été colorées par l’hémateine eosine mais aussi par des immunomarquages spécifiques des mélanocytes,des CDH8- T lymphocytes et des molécules d’adhésion (E-Cadhérine). Au bout d’un an, l’évolutivité des lésions a été appréciée par comparaison avec les clichés pris initialement.
Résultats (pages 7, 8, 9) : A la fin de l’étude, 2 patients ont ètè perdus de vue, nous avons noté une aggravation chez 46 patients, une stabilité chez 23 patients. Les lésions stables ont un aspect achromique avec des bords bien délimités (p=0,001), une histologie caractérisée par une dépigmentation brutale, l’absence d’infiltrat inflammatoire, un détachement mélanocytaire isolé associé a un déficit de l’expression de L’E-Cadherine basale. Les lésions évolutives ont un aspect hypochromique avec des bords flous et mal délimités (p=0,001) et une histologie caractérisée par une dépigmentation progressive, la présence d’un infiltrat inflammatoire dermique et épidermique avec des microvésicules, une expression normale de l’E-Cadherine basale
Discussion (pages 10, 11) : Dans la pratique courante les lésions d’aspect hypochromique a bords déchiquetés peuvent être considérées comme des lésions instables et évolutives et de ce fait, être traitées par un traitement topique et photothérapie. Inversement, les lésions achromiques à bords nets sont stables et peuvent faire discuter un traitement chirurgical.
Conclusion (page 12): Un examen clinique soigneux de la zone péri-lésionnelle doit permettre une évaluation immédiate de la stabilité d’une lésion donnée, avant d’envisager une décision thérapeutique